C’est
avec une certaine nostalgie que j’ai appris le choix qui avait été
fait de privilégier la chapelle au détriment du four à pain.
Il faut dire que la maison de mes grands-parents faisait vis-à-vis au four
et je n’aurais pour rien au monde manqué cette cérémonie
hebdomadaire.
Je revois encore ma « petite » grand-mère pétrissant
la pâte dans la maie. Elle disposait ensuite cette pâte dans une
serviette farinée dans une corbeille. Le tout levait sous un gros édredon
à l’heure de la sieste. Les fortes chaleurs passées, les
femmes se rendaient à l’appel de la corne faite d’une corne
de vache. Le combustible, principalement des sarments de vigne, était
apporté à tour de rôle par les habitants. Pour le prix de
la cuisson, chacun donnait sa participation au maître des lieux, à
l’époque c’était M. Broussolle Pierre. La cuisson
terminée, chacun venait reprendre son pain de la semaine. Ce pain servait
de support aux tartines des enfants et également à « tremper
la soupe ».
Mes narines gardent en mémoire l’odeur de ce pain fraîchement
cuit et aucune baguette parisienne ne me l’a fait oublier. Suis-je la seule à garder
ce souvenir de 1950 ? Prions notre grand St Roch que la chapelle soigneusement
restaurée nous retrouve tous unis pour que la Garnie demeure longtemps
notre terre natale, celle qui nous a vu naître et qui abritera notre dernier
sommeil. Jacqueline
Clare